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Derrière ce joli prénom hébreu et cette silhouette filiforme se cachent une belle âme et une véritable source d’inspiration. Depuis plus de vingt ans, elle a pris le parti de ne pas vivre le traditionnel « 9 à 5 », et de se consacrer à l’enseignement du yoga à travers le monde.

Pendant deux heures, j’ai expérimenté le plaisir d’écouter Dikla raconter son parcours, son combat contre la maladie et son choix d’un style de vie libre.

De Tel Aviv à Zanzibar, en passant par l’Inde, je te présente sans plus tarder le parcours de cette yogi warrior à la générosité rarissime.

Dikla, pourrais-tu dire à nos lecteurs d’où tu viens et comment s’est manifesté ton intérêt pour le yoga?
Dikla : Je suis née en Israël. Ma vie a changé à la fin des années 80, quand j’avais 13 ans 1/2. J’ai eu un lymphome, c’est un cancer qui affecte le système lymphatique. J’ai subi la chimiothérapie, et j’ai dû passer beaucoup de temps à l’hôpital pour différentes opérations et traitements. Pendant presque deux ans, mon adolescence a été perturbée. C’était un choc pour moi et j’étais déçue de la vie, je me disais que je ne méritais pas cela.

C’est ce qui m’a menée vers le yoga. À partir de là, il a toujours été essentiel pour moi de vivre une vie que j’aime, d’aimer ce que je fais sans suivre ou être influencée par les idées de la majorité. Mon intérêt pour le yoga s’est seulement manifesté lorsque j’étais en Inde en 2003.

J’ai compris que la façon dont tu te traites et ta vision des choses ont une grande importance.

Dikla

Mon père et moi n’avions pas de très bonnes relations, mais c’est lui qui m’a fait comprendre que peu importe la situation, il fallait que je sois heureuse et positive. J’ai compris que la façon dont tu te traites et ta vision des choses ont une grand importance. Dès cet instant, c’est devenu essentiel pour moi d’être heureuse et de ne pas me positionner en victime … Et j’ai commencé à me sentir mieux.

Penses-tu que ton attitude positive a contribué à ta guérison ?
Dikla : C’est certain ! Je me rappelle que peu après mes 15 ans, je suis allée voir mon médecin traitant, je lui ai dit que j’allais bien et que je ne continuerais pas le traitement. Nous avions terminé une série de traitements mais on devait attendre, etc. Je lui ai dit que je sentais que j’allais mieux, que j’étais guérie.

Cependant, j’avais une période de cinq ans de rémission. Durant cette période, même si tu ne suis plus de traitement, tu es sous le contrôle de l’hôpital. Je n’ai pas fait de suivi mais je faisais partie de cette catégorie de patients.

Quand j’ai eu 21 ans, la période de rémission de cinq ans était totalement terminée. J’ai demandé à une amie de raser mes très long cheveux. Quand elle l’a fait, j’ai pleuré pendant des heures.

Pourquoi lui as-tu demandé de te raser les cheveux ?
Dikla : Je ne sais plus vraiment pourquoi, mais je sais que cela faisait partie de mon processus de guérison. Des années auparavant, j’avais perdu mes cheveux durant la maladie alors que je ne le souhaitais pas, et j’avais pris beaucoup de poids. Je rêvais d’avoir à nouveau de longs cheveux, de ne pas avoir à me cacher ou être inconfortable à cause de la perte de les cheveux. Cet acte m’a ramenée à cette époque où je n’avais plus de cheveux. C’était une autre étape vers la guérison, vers le lâcher-prise selon mon propre choix.  

À chaque fois que je prends ma vie en mains et que je fais mes propres choix, je le fais mieux et je grandis mieux. Je deviens une meilleure personne.

Dikla

Pourquoi as-tu choisi l’Inde comme destination de voyage ? Ton amie et toi aviez un plan particulier en arrivant en Inde ?
Dikla : J’avais pris la décision de quitter Israël et de voyager, car j’adore ça ! J’ai trouvé un emploi en Australie, j’y ai vécu et j’étais heureuse d’y être. Mais c’est loin de tout, et le fait de ne pas pouvoir quitter le continent pendant ma période d’essait me donnait le sentiment d’être menottée. Alors je suis partie, j’ai poursuivi le voyage en Thaïlande, aux Etats-Unis et ensuite en Inde.

Je n’ai pas choisi l’Inde. L’Inde m’a choisie. Ma meilleure amie a l’époque, qui est décédée il y a dix ans, rêvait d’aller en Inde, mais elle n’avait pas les moyens financiers pour s’y rendre. J’avais travaillé aux Etats-Unis et gagné beaucoup d’argent. L’argent pour moi n’a jamais été un problème. Je ne garde jamais mon argent.

Je lui ai dit : « ton rêve est d’aller en Inde, allons en Inde ». J’ai pris les billets d’avion et l’argent que j’avais gagné, et nous sommes parties en Inde.

Nous n’avions absolument rien planifié. Je lui ai suggéré d’y passer 3 jours ou 3 semaines, et finalement j’y suis restée trois ans. Je lui ai dit de prendre la moitié et l’argent et de continuer le voyage, car elle aimait l’Inde plus que moi. Nous avons voyagé ensemble pendant 3 mois en Inde. C’était extraordinaire!

Comment et pourquoi as-tu commencé le yoga ?
Dikla : en Inde, j’ai connu une fille qui pratiquait le yoga avec un swami. C’est un yogi, comme un prêtre, de la plus haute caste, qui pratique le yoga depuis toujours, il fait de la méditation et connaît le yoga jusqu’au bout des doigts.

Mon amie m’a invitée à un festival de yoga. Sur le moment, ça ne m’a pas semblé super intéressant. Ensuite, je suis restée en Inde un mois de plus. J’avais beaucoup de temps de libre, alors un matin je suis allée à un cours de yoga. J’ai bien aimé, mais je n’ai pas adoré. Pour une raison que j’ignore, j’y suis retournée l’après-midi. Et à partir de ce moment-là, c’est devenu ma vie. Les années qui ont suivi, j’ai fait du yoga matin et soir. Je n’ai jamais arrêté de pratiquer.

Nous avons ensuite déménagé à Rishikesh après mon cours d’introduction. J’ai rencontré ce swami, qui est devenu mon guru. J’ai commencé par le hatha yoga. Mon guru nous a enseigné tellement de choses sur le yoga, il détient un savoir inépuisable. L’expérience était incroyable. Je ne pensais pas devenir prof de yoga. Mais j’étais sous le charme,et je commençais à me dire que ce serait intéressant d’en savoir plus. La pratique et le savoir vont de pair.

Dikla, quels sont les réels bienfaits du yoga que tu as pu expérimenter?
Dikla : Quand j’étais malade, mon corps a été abîmé par la chimiothérapie et par la maladie. Je n’étais pas flexible, j’avais des douleurs constantes dans le bas du dos. Quand j’ai débuté le hatha yoga, je n’étais pas en mesure de faire certaines choses. Mais je continuais d’essayer, dans un esprit non compétitif.

J’ai accompli beaucoup de choses sans avoir réellement essayé. C’est ce que la vie t’enseigne, fais-le un point c’est tout ! Aie du plaisir à faire ce que tu fais. Et c’est aussi ce que le yoga t’enseigne : apprécie l’action, pas le résultat de l’action. Je plante un arbre parce que j’aime l’idée de planter un arbre, pas nécessairement pour m’assoir en dessous et profiter de ses fruits.

Le yoga t’apprend à être humble et à être heureux de ce que tu fais en ce moment précis, pas en prévision des accomplissements futurs ».

Dikla

Après un an de pratIque, j’ai constaté que je n’avais plus de douleurs dans le bas du dos, plus de problèmes, j’étais en mesure de faire beaucoup de choses que je n’aurais jamais imaginées. Je suis devenu plus légère, plus mince, plus tonique, plus forte. Dès l’instant où j’ai compris que le yoga arrangeait mon corps, je me suis dit qu’il fallait que je l’enseigne, que je change ma vie et que le yoga soit ma principale activité.

Tu n’as pas besoin d’être flexible, d’être fort, d’avoir une respiration parfaite, d’être musclé, fais-le et c’est tout !

Dikla

Parce que c’est incroyable que les gens ne sachent pas ce que le yoga peut offrir. Ce n’est pas juste au niveau du corps et de l’esprit, c’est aussi l’âme. Tout ce qu’on attend de toi au yoga, c’est que tu fasses les choses. Tu n’as pas besoin d’être flexible, d’être fort, d’avoir une respiration parfaite, d’être musclé, fais-le et c’est tout !

Quelle est ta définition du yoga ?
Dikla: c’est un style de vie, c’est la vie ! C’est exactement comme la vie. Avant, étant hyperactive, quand j’étais face à des situations difficiles, je pouvais être stressée, contrariée et c’était difficile. Depuis que je pratique le yoga, je rebondis avec une nouvelle opportunité et une nouvelle manière de gérer les choses.

C’est ce que tu apprends dans la pratique, tu restes dans ton asana (ta posture), tu prends cinq respirations profondes, même si c’est trop difficile, n’essaie pas d’aller vers ce qu’il y a de plus difficile, reste et respire. Dès l’instant où tu apprends à respirer dans les moments difficiles, tu peux le faire dans la vraie vie.

Que dit-on habituellement à une personne contrariée ou nerveuse? « Prends une minute, respire profondément, compte jusqu’à dix et tu te sentiras mieux ». Le yoga te donne des outils pour t’en sortir dans la vie.

À quelle fréquence devrait-on pratiquer le yoga pour réellement ressentir ses bienfaits?
Dikla : Deux fois par semaine est un minimum : une fois avec un professeur, et ensuite au moins deux fois seul(e) à la maison . L’idéal est d’apprendre à pratiquer par soi-même, sans l’aide d’un prof de yoga. De sorte de ne jamais avoir le sentiment de ne pas être assez bon et de faire l’impasse sur la pratique.

Quoiqu’il arrive, fais ce que tu peux, pratique ce que tu connais. Il suffit de dérouler ton matelas sur le sol, s’assoir 10 minutes et respirer profondément, faire quelques salutations au soleil et c’est tout !

Selon toi, le yoga est l’unique activité physique qu’on devrait pratiquer ?
Dikla : Non, le yoga est la base! C’est le matelas de ta vie, tu te mets dessus et tu peux tout accomplir. C’est quelque chose qu’on devrait faire et ne jamais abandonner. Mais, d’autres activités telles que le jogging, la natation, la randonnée, l’escalade, la danse, le basketball et le kick-boxing sont également excellentes.

Quelle est ta routine matinale? On raconte que tu es une lève-tôt …
5h30
: Réveil en douceur. Je prends mon temps. La première chose que je recommande de faire au réveil est de boire de l’eau, peu importe l’endroit où tu te trouves. Car ton corps à besoin d’eau au réveil.

Parfois je déroule le matelas dans ma chambre et je pratique.

Vers 6h : Promenade de 4 ou 5 kilomètres sur la plage. Parfois je cours légèrement,je ne suis pas une excellente coureuse.

Au retour, Je prends ma douche, je bois mon café et je profite du lever du jour avant de parler aux gens.

8h à 9h30 : Je donne mon premier cours de yoga.

9h30 : Je prends mon petit déjeuner après le cours.

Existe-t-il un régime alimentaire propre aux yogis?
Dikla : Peu importe que tu sois vegan, végétarien ou autre, c’est ton propre choix. Le plus important est de ne pas alourdir ton estomac avec trop de nourriture. Quand ton estomac est lourd, ton cerveau fonctionne plus lentement, ton corps fonctionne plus lentement, et tu n’es pas heureux. Tu as plus d’énergie quand tu fractionnes tes repas et tu les étales dans le temps. De cette manière, tu te sens plus léger et plus heureux. Il faut manger lentement en fonction de ton estomac, et non de tes yeux. Il faut aussi faire en sorte que ce soit le moins industriel possible.

Tu ne dois pas non plus être obsédé par ton style de vie, au point que cela te pose problème en voyage ou quand tu es invité à dîner.

Avant ta pratique matinale : tu peux boire du thé ou du café, ou manger une petite collation comme des noix ou une datte.

Au petit déjeuner : Après la pratique, tu peux prendre un bon petit déjeuner, quelque chose qui va te remplir pour le reste de la journée. J’aime manger des flocons d’avoine et des fruits secs. Ça dépend de chacun. Certains aiment le lait de soja, le yogourt. Pour moi ce sont de fruits, pas plus de deux.

Lunch : Je mange un lunch qui est léger. Le midi, j’aime manger une grande salade repas. J’adore aussi le riz avec des légumes. Je ne mange que du riz brun ou du riz basmati, très utilisé en Inde. Les lentilles sont aussi excellentes.

Repas du soir : il est un peu moins léger. cela ne m’empêche pas de bien dormir. Je dors 6h par nuit maximum. Je privilégie des aliments faciles à digérer pour me sentir mieux.

Quelles sont tes principales valeurs ou principes dans la vie ? Quel conseil donnerais tu aux personnes qui recherchent le bonheur et le bien-être ?
Dikla : je suis heureuse d’être en vie, apprécier ce que tu as est essentiel. Je vis ici depuis 4 mois et demi. Je me promène tous les matins à la plage.

Dikla et son chien Fia, Zanzibar – 2018

Tous les matins, je vois le lever du soleil, chaque jour la plage est différente, chaque jour l’océan est différent et chaque jour je suis différente. Chaque jour je suis heureuse parce que je suis ici, parce que je suis moi, parce que je fais ce que je veux.

J’étais heureuse de la même manière quand j’étais en Israël, quand j’étais à New York, à Melbourne, quand j’étais en Argentine, au Brésil. Je suis heureuse parce que je suis heureuse. Et je n’ai aucune raison pour cela. Je suis reconnaissante pour cela. Soyez heureux !

Sab Kuch Milega en Hindi, cela signifie « tout est possible ». Je vis ma vie en fonction de ce dicton. Quand tu as le sentiment qu’il n’y a pas d’autres possibilités, c’est juste toi qui crées des obstacles.

Dikla

As-tu un motto?
Dikla : Sab Kuch Milega en Hindi, cela signifie « tout est possible ». Je vis ma vie en fonction de ce dicton. Depuis que j’ai décidé que je n’étais plus malade et que tout est possible dans la vie, et que je peux être la personne que je veux être, il n’y a pas d’autres façons. Quand tu as le sentiment qu’il n’y a pas d’autres possibilités, c’est juste toi qui crées des obstacles.

Intéressé(e) par un cours de yoga avec Dikla?

Tu peux contacter The Rehub School of Yoga à Zanzibar. Tu ne seras pas déçu(e) !

Bibliographie yoga recommandée par Dikla

The Heart of Yoga: Developing a Personal Practice, T. K. V. Desikachar

Light on Yoga, B. K. S Iyengar

The Scripture of Mankind, Bhagavad Gita